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33 ans de vie violée
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33 ans de vie violée
13 août 2017

Chapitre 1: D'arrache coeur Un jour tu m'as dit

blog audrey2

 

Chapitre 1:  D'arrache coeur

 

 

 

Un jour tu m'as dit tu devrais écrire ton histoire.

Une histoire de fou.

Une histoire qui a failli me mener trop loin, Loin de ce que la vie doit être. Un lieu de bonheur, mais aussi de tracas, de beaux tracas, de ceux qui pimentent notre existence. Je suis de celles qui vont raconter une vie pour montrer que l'on peut tout traverser. Avec la volonté. La sienne uniquement. Mais que notre volonté est liée aux autres parfois. Ou non.

Ma vie est une suite d'évènements sans liens logiques. Mais avec des liens tenaces, en cordes serrées. Des noeuds marins de larmes, que j'ai maintenu si forts qu'ils m'ont fait chavirer. Et personne ne peut repêcher une vie comme celle-ci. A part soi.

 

A part moi.

 

Car je l'ai voulu fort. Et je le veux toujours. J'arracherai tous les fils, je ne suis le pantin de personne, j'arracherai toutes les lianes car je ne suis la racine de personne. Je ne tiendrai plus jamais à bout de bras la vie de quiconque.

 

Je ne suis pas celle qui suit née en 1984.

 

Je suis née en 2017. Quand tout s'est emballé. Quand j'ai du traverser la peur de mourir. Quand j'ai regardé mon mari dans les yeux et lui dire au revoir, car je ne savais pas si la table froide me rendrait à lui. Quand je n'ai vu que du noir. Quand j'ai compris que personne ne m'attendrait ailleurs. Que seuls les nuages sont dans le ciel. Et Dieu sait à quel point j'aime à les regarder. Mais je sais que personne ne nous entends quand le noir est venu. Alors je t'ai écouté, je vais écrire ce qui depuis 33 ans m'a bouleversée. Trahie. Ecoeurée. Percée.

 

Pour ceux qui ne m'ont pas connue. Car personne ne me connait, à part toi mon mari. Tu es le seul qui sait ce que je porte vraiment. Car tu as voulu savoir. Parfois c'était dur de te les dire tous ces mots. Mais tu as du en entendre certain. Ici je vais tout dire. Mon enfance de merde. Mon enfance perdue dans une toile qui m'a brisée, qui m'a fait oublier que je pouvais réaliser tant de choses. Je ne suis pas une moins que rien, je ne suis pas folle, je ne suis pas une menteuse, je ne suis pas une égoiste, je ne suis pas celle que tant de gens ont pensé. Car j'étais l'enfant de mauvais parents. Des manipulateurs. Je n'étais pas une enfant mal dégourdie, je n'étais pas une enfant sage. J'étais une enfant manipulée. Je n'étais pas ce que j'étais. J'étais l'objet d'un échec parental.

 

Je jouais une pièce dans laquelle mon rôle me brisait.

 

Je vais tout dire ici, mon adolescence difficile où je devais être la petite fille modèle à la maison, la fille qui a de bonnes notes, qui ne dit rien, qui remplace les douleurs d'un couple perdu. Et la jeune femme naissante en moi, celle qui voulait voir des garçons, avoir des copines, pouvoir me confier, me réjouir, oublier le reste. Là où j'ai rencontré le manipulateur suivant dans ma vie, celui qui m'a violée à 16 ans et demi.

 

Mais j'ai du me taire.

 

Pour le bien de tous. Pour le bien de tous. Je crois que cette phrase est la phrase de ma vie. Tu comprends, l'exemple que cela donne? L'image que cela renvoie de notre famille? De ta putain de famille de merde surtout. L'image de quoi? D'un père absent, non aimant, manipulateur, menteur, violent, d'une mère paumée qui ne voyait que par lui, possessive, et castratrice. Mince c'est vrai qu'un viol ça fait tâche.

 

Je raconterai aussi ici, les épreuves qu'ont été de perdre deux bébés dans son ventre.

 

De les perdre. De les sentir morts en moi. De devoir me cacher pour pleurer car après tout, perdre une grossesse ce n'est rien, ça arrive tout le temps.
Jamais plus je ne tairais cette blessure. Ils sont partis dans des machines d'hôpital. Et je les aimerai toujours. Mes bébés.

 

Qu'on vienne me parler de foetus, de votre foutu bordel de ce qu'est une vie, combien de semaines, à vous tous je vous emmerde. Ne lisez pas la suite. Car je ne cacherai rien de la vérité. Aucune femme au monde vit avec sérénité une perte à 8 semaines.

 

Je raconterai ici, que l'on m'avait dit après cela que je n'aurai jamais plus d'enfants. Que je suis restée sur le carrelage de notre cuisine pendant des heures à pleurer à me laisser sécher. Je voulais plus rien. Je voulais mourir. Avec eux.

 

Et puis, des opérations ratées plus tard, j'ai pu avoir le bonheur d'avoir mon fils. Ma fille.

 

Ils sont l'accomplissement de notre amour. De piqures. Et d'espoirs.

 

Aujourd'hui je suis à l'aube d'une opération qui changera toute ma vie, je ne pourrai plus être maman. Car lorsque la vie s'acharne, et bien l'accouchement vous laisse des séquelles, irréversibles. Je ne serai plus maman de nouveau, je n'aurai plus jamais de bébé dans mon ventre. Je vais à nouveau me tenir dans quelques jours sur la table froide de mes angoisses. La table du noir.

 

Tout cela sera sûrement des pages et des pages.

 

Alors à tous ceux qui auront le courage, la curiosité de me lire, je vous remercie. Je n'écris ni dans un but thérapeutique, ni pour aider quiconque. Je n'ai pas ce pouvoir, je l'ai compris avec le temps. On prend son propre courage, et on s'aide. J'écris comme témoignage, pour tous les enfants qui sont devenus des adultes forts mais des adultes cicatrices. J'écris comme témoignage pour mes enfants. Pour qu'ils trouvent la force de braver les difficultés, il n'y a aucune barrière insurmontable à part la mort.

 

Comprenez que chaque phrase, chaque mot qui sera écrit ici, est une réalité.

 

Ces mots m'arrachent des larmes.

 

Mais je le fais, pour ceux qui m'aiment. D'arrache-coeur.

 

 

 

 

 

Morceau à écouter:

 

https://www.bing.com/videos/search?q=michael+nyman+la+le%c3%a7on+de+piano&&view=detail&mid=2EAB7B851052653FA37A2EAB7B851052653FA37A&FORM=VRDGAR

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
M
Merci pour ce partage criant de vérité. Ecrire pour ses enfants, je trouve ça merveilleux. Je crois que les silences font beaucoup de dégâts. Quand on sait on peut avancer libre et heureux.
A
Présente et prête à lire, à entendre tout ce que tu auras à nous raconter...<br /> <br /> Les mots ne soignent pas tout mais ils nous permettent au moins de sortir ce qui se terre au plus profond de nous et qu'on ose pas toujours "dire"...<br /> <br /> <3
M
Prête à écouter, non par curiosité malsaine, mais parce que ta plume est belle et que je comprends certaines pertes. Mettre des mots sur les maux aident aussi parfois. Pas seulement de les dire, les écrire mais aussi de les lire.
M
Prête à écouter, non par curiosité malsaine, mais parce que ta plume est belle et que je comprends certaines pertes. Mettre des mots sur les maux aident aussi parfois. Pas seulement de les dire, les écrire mais aussi de les lire.
M
Je pense que même si tu ne le fais pas pour un but thérapeutique ça aura cet effet-là ! C'est le pouvoir des mots !
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