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33 ans de vie violée
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33 ans de vie violée
25 août 2017

Chapitre 4 : Mon viol Je ne vais pas cacher

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Chapitre 4 : Mon viol

 

Je ne vais pas cacher qu'écrire ce chapitre est un des plus compliqué. Pas sur le fond finalement, sur la forme.

Je ne veux pas faire un article politique, je ne veux pas faire une polémique. Je vais juste écrire l'histoire telle qu'elle s'est produite et c'est tout. Je ne suis pas représentante de toutes les victimes de viols. Je ne sais pas quoi dire des hommes qui font ça, à part que c'est un petit meurtre. Et qu'il n'ont pas de conscience. Je ne sais pas quoi dire aux femmes qui ont subi ça. Je ne peux pas les comprendre. Personne ne peut comprendre. 

Personne ne peut comprendre, car c'est profond. C'est une chose compliquée. Pas simplement une blessure physique ni psychique. C'est juste compliqué. La seule chose que je souhaite aux femmes qui me liront, c'est qu'un jour elle trouve un moyen de vivre avec ça. Le mieux possible.

J'entends tellement d'hommes prendre des positions sur ce qu'est un viol. Il n'y a pas à tergiverser. Un viol, c'est un acte dont on ne veut pas, qui nous fait mal. Qu'un homme s'octroie car il en a envie.

Jamais une femme ne veut ça. Jamais.

Alors il est inutile que je parle des jupes. Des attitudes sexy. Je m'en contre fous. 

Les hommes qui violent sont des malades. Des menteurs. Des manipulateurs. Leur place n'est pas dans une société comme la notre. Enfin peut être que maintenant la société tolère ça. J'en sais rien. La seule chose que je sais, c'est ce qu'il m'est arrivée.

Si à la maison je vivais dans une famille toxique, malsaine et manipulatrice, je cherchais au lycée à m'échapper de toute cette merde. 

A 16 ans et demi, j'ai rencontré N. Je m'amusais avec mes copines dans la cour. Je rigolais. Je mimais des trucs ridicules. Je faisais clairement l'andouille comme on dirait. Et j'adore faire n'importe quoi, des têtes un peu folles, des figures pour rire. Et les copines et moi on se marrait bien.

Et N. est arrivé. Il connaissait une de mes copines. Mais j'ai pas prété attention, et j'ai continué à mimer une scène de catch. Lorsque je me suis rendue compte qu'il me regardait, je me suis sentie un gênée, et puis c'est tout. Finalement, je m'en foutais un peu. Je suis comme ça, un peu rigolote parfois.

Et je n'ai plus pensé à ce garçon.

Mais lui si, il a commencé à me croiser de plus en plus souvent, à me dire ca va la catcheuse?

Et c'est parvenu jusque ma table de cantine.

Et tous les jours. 

J'étais d'abord insensible, puis flattée qu'on s'intéresse à moi, pour moi, ma personnalité. Et il s'est accroché. Je ne saurai dire combien de temps tout ce petit jeu à duré. Car je n'étais pas totalement emballée à l'idée de sortir avec un garçon. Il fallait que j'en parle aux parents, je crois que je ne voulais pas d'autres contraintes. Mais la curiosité d'être vraiment en couple avec un garcon que tout le monde disaient gentil et amoureux a dépassé la rationnalité.

N. a été un petit ami merveilleux pendant un an. Il était gentil, mes amis l'appréciaient. Mes parents le connaissaient. 

Je n'ai pas vu venir la manipulation.

A 17 ans et demi, je n'avais jamais eu de rapports sexuels. Et je ne me sentais pas prête. Mais N. En avait parlé à tous mes amis. Il aimerait que j'aille chez lui, mais pas pour coucher, juste me montrer son univers. Pendant un an j'ai dit non. Je ne sais pas pourquoi, mais je voulais pas.

Un jour, A., une fille de ma classe mais pas de mes amis proches, me dit tu vas perdre ton copain, il est gentil et toi tu ne vas pas chez lui. J'ai eu peur. C'est vrai c'est ridicule, c'est juste une maison. Sa chambre.

Alors j'ai dit oui. 

J'ai dit oui, pour aller voir son lieu de vie. J'ai dit oui pour voir sa chambre, ses posters et sa déco. J'ai dit oui pour passer un moment avec lui. J'ai dit oui car j'avais confiance. J'ai dit oui car il avait convaincu mes amis. Des gens sérieux. Vraiment.

Aujourd'hui je sens la manipulation. Mais à 17 ans et demi, j'avais déjà un prédateur à la maison, je ne savais plus faire la différence entre la sincérité et le mensonge.

On est allé en bus puis à pied jusque chez lui.

Il m'a montré son salon.

Ne m'en veux pas, le reste est un peu plus flou dans ma tête. Mais on est arrivé dans sa chambre, il l'a fermée à clef. J'ai commencé à étouffer. A sentir que quelque chose bouillonnait. 

Et il m'a dit mets toi sur le lit.

J'ai obéi. J'étais avec lui depuis un an. Je devais me détendre et ne pas écouter mes petites voix angoissées. Et après. Tout est allé vite. Il s'est couché sur moi. J'avais mal. Mais mal. Je me rappelle juste regarder le radio reveil. En me disant, tiens quelques minutes encore. Quelques minutes. Il me faisait tellement mal. Je ne respirais plus, il me tenait. Il s'acharnait sur moi. Tel un animal. 

Je n'ai rien dit. Juste des cris de douleurs. Je n'ai pas dit au secours. Nous étions seuls. J'étais paralysée par ce qui m'arrivait, je ne l'ai pas cogné. Je ne me suis pas débattue. J'étais enfermée à clef. Les minutes ne passaient pas. 16h43. Ca ne passait pas. 

Quand N. fut satisfait, il ne m'a pas regardé. Il a ouvert la porte et m'a dit va te changer dans la chambre de mes parents.

J'ai obéi.

Et je me suis vue dans le grand miroir de leur chambre. A moitié déshabillée. En sang.

Et il m'a dit de partir. De prendre le bus.

Et j'ai pris le bus.

Je ne pensais à rien. Pendant des heures je ne pensais plus. Je me rappelle être dans ce bus et être comme vide. J'étais comme un automate. J'ai fait normalement à la maison. Comme cela jusqu'au lendemain. Le lendemain je hurlais de douleurs, je n'urinais plus. 

Il a fallu que j'avoue qu'il s'était passé quelque chose, et qu'il fallait que je voies un médecin. 

Cette suite a été comme un second viol. Il a fallu que je m'excuse d'avoir fait ca, je donnais quel exemple à mon frère? Ma mère ne me regardait plus, elle a juste assuré le coté médical.

Lorsque le médecin m'a ausculté, je reverrai toujours ses yeux. - Elle a de grosses blessures-.

Evidemment. Evidemment. J'avais envie de lui dire, vous savez il m'a fait mal, je voulais pas, mais j'étais bloquée, j'ai attendu que ca finisse c'est tout. Je voulais tout lui dire mais rien ne sortait. Et puis ma mère était en colère. Je l'avais trahie.  Il fallait un médicament. 

Je te le dis il existe aucun médicament contre le viol. Et aucun contre les cons qui te muselent.

Alors on a été à la pharmacie la plus loin pour les médocs et la pilule du lendemain. Et puis physiquement ca a finit par passer. Et personne ne m'a jamais rien demandé. Personne n'a vu que j'étais traumatisée. 

Je n'ai jamais revu N. en tant que couple. 

Mon père m'a obligé à l'appeler pour lui dire que j'étais pas bien, mais il ne m'a pas répondu.

C'est le second manipulateur de ma vie. Il a été patient. Il a été vicieux. Violent et bestial. Je ne pourrai jamais lui dire quoique ce soit. Je l'ai croisé trois fois depuis. Par hasard, dont deux fois avec mon mari. Mais je m'effondre à chaque fois. Je revois le réveil. Et surtout mon mari voudrait lui cracher dessus et le mettre en taule. 

Je n'ai pas porté plainte. J'étais trop jeune, trop influençable. On m'a dit de cacher. J'ai obéi.

J'ai donné à mon amie C., les cadeaux qu'ils m'avaient fait. Je n'avais ni le coeur a les jeter, ni à le garder. Un peu comme une preuve que tout cela avait existé.

Jusque mes 22ans , j'ai des eu des brulures génitales inexpliquées. Aujourd'hui je te les impute grosse merde. Je crois que je le taisais et que mon corps disait, tu as été violée. Putain c'est pas rien, et tu dois fermer ta gueule.

A 19 ans, j'ai rencontré mon mari. Et il m'a poussé à en parler. Je le remercie infiniment pour ça. Il m'a ouvert les yeux. Il a été patient et doux. Il a compris. Il a souffert avec moi. Pour moi. Il n'avait pas toujours les mots, il ne savait pas toujours comment faire. Parfois je l'ai repoussé. Mais il a toujours entendu mon cri. Et ma volonté de m'en sortir. Ma volonté d'être l'inverse de ce que je connaissais, sincère. Pour l'être, il faut accepter notre histoire, moche ou pas.Et mes angoisses sont apparues, violentes, incontrolables, à vomir, à hurler. Et j'ai pu avec son aide et celle des médecins le cracher. Mon viol.

 

 

 

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Commentaires
M
Le viol est atroce et ce qui est encore pire c'est le silence qui suit comme si la victime était la coupable...<br /> <br /> Ca doit être horrible de vivre avec ce poids et ces images.
M
Autant ne pas porter plainte parce qu'on a honte, qu'on n'ose pas, qu'on trouve des excuses au violeur qui est le "petit ami"... mais qu'on ne porte pas plainte parce qu'on nous y oblige... ! Ce n'est pas toi que j'accuse, évidemment, ce sont ces gens qui t'ont dit de cacher. Que pouvais-tu faire d'autre à part obéir dans ta position ? C'est une histoire terrible... Et en même temps tu as ensuite eu de la chance de pouvoir rencontrer une personne qui t'as permis de libérer ta parole, mais c'est une tellement maigre consolation...
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