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33 ans de vie violée
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33 ans de vie violée
25 août 2017

Chapitre 3. La rage Je me rappelle, je devais

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Chapitre 3. La rage

 

Je me rappelle, je devais avoir 12 ans, j'avais une copine qui lui plaisait. Elle était ce que je n'étais pas, une fille sportive, extravertie, drôle, grande, formée. 

Car j'étais petite, et je n'ai eu de puberté qu'à 14 ans. Ils m'ont tellement bloqué. J'ai tout arreté. Même ma croissance. Et ce fut l'occasion de moqueries incessantes. Des blagues pas drôles. Des gestes deplacés. Et de stress incroyable.

Ce jour là, elle avait téléphoné pour savoir si je pouvais aller jouer chez elle. Mais le week end, c'est non. C'est toujours non. Il faut faire des trucs en famille. Alors elle est venue avec nous. Car il l'aimait bien. Faire une balade en foret. Je détestait les balades en foret. Heureusement aujourd'hui, j'ai appris avec mon mari à redécouvrir ces plaisirs. Avec lui la foret, c'est un moment heureux, avec mes enfants. Loin de ce simulacre de moment familial génial.

Il fallait aussi que ma copine le trouve super, cet homme, avec une famille irréprochable, qui trouve des moments proches de la nature, pour se ressourcer, et observer les petits animaux.Ce jour là, je ne sais plus comment on en est arrivé là, mais on a parlé du fait que je n'avais pas de poitrine.

Tu sais écrire ça, c'est difficile. Aujourd'hui encore.

Voilà, au milieu des sentiers, des feuilles automnales, des couleurs chatoyantes, des fourmis, du craquement des bogues de marrons sous mes pieds, il a parlé de mon intimité. Devant mon petit frère, devant ma copine.

Comme si cela était un sujet de foire, un sujet de politique à la con, un titre de Gala. Je le voyais écrit en énorme partout, tu n'as même pas de seins. Alors que ta copine, hein, elle en a une sacrée paire. Je crois que je me suis rarement sentie aussi humiliée. Car bien évidemment il a eu ce geste que je ne pourrai jamais oublier, il a avec son doigt soulevé sur mon tee shirt mon petit téton, et il m'a regardé en ricanant : Alors ca pousse?

J'ai pensé arrêter ce chapitre là, car je pleure tu sais. C'était violent. C'était pervers. C'était mon corps. C'était mon intimité. Il avait touché. Il avait humilié. Il m'a brisé. J'aurais voulu lui hurler dessus. Espèce de salaud. Comment tu peux faire ca à ta fille? Je ne suis pas une de tes putes. Je ne suis pas n'importe qui. On ne me touche pas. On ne me dénigre pas. Laisse moi ca au moins. Mon corps. Mais il n'a pas arreté.

Ce geste s'est répété. 

Ca pousse s'est répété.

Leurs ricanements se sont répétés.

J'étais malheureuse, au point où j'espérais de tout coeur que ca finisse par arriver, et que l'on arrête avec tout ça.

J'avais envie de couper son doigt deguelasse. Il me dégoûtait. Et le pire c'est que je passais pour la susceptible, la petite fille un peu gnan gnan. Je n'étais pas tout ca. Alors tu me diras mais que faisait ta mère pendant ce temps là? Et bien rien. Elle acquiesçait. Peut etre au fond d'elle, elle savait que c'était mal. Mais protéger son couple, l'humeur de cet homme écoeurant était sa priorité. Elle a mis un bandeau. Elle a été collabo.

Je voulais arrêter là car mettre par écrit tout ça, pour la première fois, me bouleverse. Mais il fallait que je raconte la suite.

Un soir, je devais avoir 13 ans, j'ai vu des poils. J'ai caché cette information le plus longtemps possible. Mais aussi étrange que cela puisse paraitre ma mère me donnait encore la douche le dimanche. Et je suis devenue le spectacle de la soirée. Il est venu voir. Il s'est moqué de mon poil. Et c'est devenu un quotidien. Une moquerie comme un fil de yoyo.

-Il faut faire attention il peut tomber ton poil.-

Tu sais, je n'ai jamais oublié aucun de tes mots. J´ai malheureusement une mémoire au dessus de la moyenne. Et je me rappelle tout, des détails, des mots, des regards, des émotions, et du mal.

Tu m'as violée mon intimité de jeune fille.

Tout cela se passait dans la normalité de la vie, je devais sourire, être heureuse et reconnaissante de ce que l'on m'offrait. Des putains de vacances à la mer une fois par an. Mais pauvre vieux, si tu savais ce que je m'en foutais. Ce que je haissais y aller. Tu te baladais nu dans la maison, il aurait fallu que je fasse pareil. Mais j'ai tenu. J'ai tenu.

J'avais honte de mon corps. Et j'ai réussi au moins à garder ça pour moi. Non je ne me promenerais pas nue.

Dans ce chapitre, il y a des larmes, il y a de la haine, il y a tant de choses à dire. Pourtant, la seule chose dont je suis fière c'est d'avoir pu protéger davantage mon petit frère. Je ne dis pas qu'il n'a pas eu le droit à son lot de blagues salaces. Mais il savait. Il savait qu'il fallait se protéger. Fermer à clef sa porte. Fermer son corps à clef. Et le laisser changer en toute tranquilité. Fermer à clef l'intimité à laquelle on a droit. Peut etre lui ai je donné cette clef.

On a tous le droit de l'utiliser. 

Je n'ai eu la clef que lorsque j'ai rencontré mon mari. J'ai compris que mon corps était à moi et que personne d'autre ne pouvait, ne devait y toucher ou en parler que sous mon contrôle. Que mon corps avait une magnifique serrure que seule moi pouvait ouvrir. Mon amour, je te remercie de m'avoir rendue ce qui m'appartenais. D'aimer mon corps, qu'il ait été beau, moins, qu'il souffre, qu'il soit mou et malade aujourd'hui. 

Avoir grandi avec un homme malsain, et une femme soumise à ses vices, m'a blessée. Lorsque j'ai eu six ans, mon seul et unique but était de m'occuper de mon frère. De le protéger. De l'aider à s'épanouir. Je suis devenue une maman. Je l'aimais tellement ce petit être. Et je savais qu'il n'avait pas la chance d'être né dans une famille saine. Alors j'ai tout fait pour lui. Et si un jour il lit ça, même si on se dit toujours tout, je ferai toujours tout.

J'ai pris sur moi toutes leurs saloperies, je les ai mises au coeur de mon ventre. Et aujourd'hui je leur vomis. Ma rage.

 

 

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Commentaires
M
Il faut que ça sorte, la rage...
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